Dans le cadre de ses "programmes à la carte", lAssociation française daction artistique (Afaa) a demandé à Michel Wlassikoff, directeur de la revue Signes, dassurer le commissariat dune intervention en Belarus axée sur le travail de Pascal Colrat, graphiste. Michel Wlassikoff nous livre ici ses impressions sur son voyage et dresse un rapide état des lieux de la création contemporaine en Belarus.

Michel Wlassikoff


"Le Belarus est un laboratoire de signes..."

Pouvez-vous nous décrire votre projet ?
Pascal Colrat et moi-même avons été invités une semaine à Minsk, capitale du Belarus, début juillet 2001, par l'ambassade de France. Notre travail a consisté d'une part à recueillir le plus grand nombre de témoignages sur l'"état des signes" dans la capitale biélorusse (près d'un millier de photos ont été réalisées) et d'autre part à rencontrer des graphistes et des plasticiens pour apprécier leurs Suvres et s'entretenir de leur situation. Nous devons y retourner en octobre, lobjectif final étant de publier un ouvrage présentant les Suvres que Pascal Colrat aura créées et les textes que jaurai écrits à partir de ces séjours. Il y aura à Minsk, début 2002, un vernissage de cet ouvrage et une exposition des travaux de Pascal Colrat. Une exposition est ensuite envisagée à Paris pour montrer ses créations accompagnées d'une sélection d'Suvres d'artistes et de graphistes biélorusses.

Alors quen est-il de cet "état des signes" à Minsk ?
Le Belarus et Minsk en particulier sont un laboratoire contenant un échantillon précieux de signes. Cet univers, produit d'un saisissement du temps et d'un urbanisme consomptif, a été recongelé peu après la débâcle de l'Union soviétique. Ce qui en résulte est pour ainsi dire hors de l'espace et du temps. C'est à sa façon un endroit privilégié : reflétant à la fois la structure des signes soviétiques débarrassée de toute chair, l'état d'esprit d'une caste dirigeante liée aux pires affaires du monde et les sentiments d'un peuple échappant de manière improbable à la mondialisation.